les co-auteurs

Comme eux, 
je suis des creux, je suis des arbres, de la soupente oubliée sous la pluie dense, comme eux, je suis de poils , je suis de plumes, odeur dans leur odeur, museau contre museau, primitive, animal en diable,  j’aboie, je miaule et je chante et je me réchauffe à leurs langues de râpe, 
et comme eux, j’aime à jamais.

Don Diégo,

Don diego


Don Diego, petit fils du si grand Merlin, noir comme la cape d’un justicier, un brin rétif,  à approcher en dentelle, à apprivoiser absolument pour gagner sa confiance, dernier arrivé dans la tribu des poilus, le mammouth. Et les deux chats qui, comme un seul, refusent sa présence et me font revivre la difficulté de trouver sa place. A genoux, tous les soirs, les mains pleines de croquettes en disant « Vous êtes frères ! » ce qui fait rire tout le monde. Mais je crois, je crois aux mots, je crois en la parole, je crois en la patience. Au bout du 730e jour de ce pèlerinage à genoux, premier effleurement de Gros Chat sur notre mammouth éperdu. Première croquette partagée sous mon œil embrumé. Et cette fierté de n’avoir pas renoncé. Je crois en l’amour si profondément.

 

 

Merlin, mon ami, mon chagrin, disparu à 13 ans


gros chien roux doudoune, couché à mes pieds, attentif à  mes humeurs, à ce froid qui me gagne, cette houle qui me tient éveillée au cœur de la nuit. Je tourne, je fais les cent pas les jours d’orage, mais il était là, tête sur mon genou, patte dans la mienne, il me gardait, il me garde toujours.

 


Don diego 2

 

20150510 092019

 

 

 

Averroès, ou  Ibn Rochd de Cordoue
 le dernier venu,  le dernier, fripon des fripons, persan de banlieue, abandonné et recueilli un soir d’éclairs, d’obscurité si saumâtre qu’il s’était perdu, tête pendante et jours comptés, revenu à la vie sur mon ventre et sous le nom d’un philosophe qui fut rebelle en traduisant Aristote alors qu’on l’accusait d’hérésie, il sacrifia aux mots, au sens, rebelle jusqu’à l’exil, rebelle jusqu’à la mort. Averroès,  que chacun baptise du plus fol nom et qui ne répond qu’au nom de l’Andalou, tant les mots sont ses langes, sa manière d’être rebelle.

 

 

 

 Et Gilgamesh dit Toumaï,
le chat d’Alice, mais sans ses Merveilles, celui qui me fait vivre l’impuissance et résiste à mes bras tendus, mais appelle comme personne d’un chant d’une telle force, d’une telle beauté que les larmes me montent aux yeux. Il  me surveille de ses yeux d’or pâle. A distance.